Les amis de la Lozère : cliquez ici pour revenir à l'accueil Le site pour découvrir et aimer la Lozère
Google
 
Web Sur AMILO
carte - géographie - Aubrac - Margeride - Causses - Cévennes - histoire - hommes - faune - flore - gastronomie
photos - cinéma - livres - peinture - hébergement - activités - Bête du Gévaudan
e-card - fonds d'écran - liens - plan du site - CNIL - Livre d'Or - la lettre - contact
>>accueil>>histoire>>ogre de malbouche

http://andersson.elfwood.com/

L'ogre de Malbouche
une légende racontée par André Arnal

André Arnal habite Le Rozier. Après une longue carrière passée à PARIS dans l'édition, la littérature enfantine, il est revenu retrouver ses racines au bord des Grands Causses. Son goût pour les lettres et pour la pédagogie l'amène à s'investir, tant pour aider les jeunes que pour faire découvrir son pays. Il contribue ainsi à l'édition de livres centrés sur les traditions, le folklore, le patrimoine. Pour son plaisir, il écrit. Des contes, des récits, des poèmes.

Voici la légende de l'ogre de Malbouche.

Cliquez sur les photos pour les voir en grand

Sur les flancs du Causse Noir - au lieu-dit La Vaysse dans le ravin de Malbouche, couvert de pins et de broussailles se trouve le repaire de Jean Grin : une masure de pierres, au toit effondré, où seule demeure une pièce obscure assise à même le rocher et dans le fond un four voûté où Jean Grin faisait rôtir les enfants. Au dehors plusieurs amas de pierres recouvertes de terre : c'est là, pense-t-on, que Jean Grin enterrait ses victimes. Cet homme un peu simple s'était retiré en ce lieu, faute d'avoir pu payer l'impôt sur la taille et après avoir commis bien des incivilités dans le village voisin. Bientôt plusieurs petits bergers disparurent au grand affolement des populations alentour.

Jean Grin, mi-homme mi-bête pour avoir vécu longtemps à l'état sauvage, n'était pas un simple croquemitaine qu'on invoquait pour faire peur aux enfants désobéissants. On savait que Jean Grin était capable de tuer et de manger ses victimes.

Et, dans le pays, il répandait la terreur. D'ailleurs mieux valait ne pas en parler car raconter l'histoire de Jean Grin, c'était le faire venir, nous explique-t-on d'un air grave :

"On disait que Jean Grin, c'était une bête, c'était un homme habillé avec une peau. Une fois on l'avait vu monter au bout du chemin Neuf. Il avait les yeux rouges, rouges, très rouges et on le voyait venir de loin. Si on se laissait attraper ... Heureusement, on ne se laissait pas attraper, autrement !... Au bout du chemin Neuf, près du village, il y avait des gosses qui s'amusaient. Ils ont vu la bête qui montait vers la ferme. Ils sont vite venus se réfugier à la première maison du village. Le dernier gosse, Jean Grin l'avait attrapé et lui avait arraché le sabot !"

D'un village à l'autre on ne parlait plus que du loup-garou, bête et diable à la fois, yeux rouges, affreux, étincelants. Jean Grin ne s'attaquait qu'aux êtres faibles , aux enfants. En l'espace de six mois, dit-on, de Juin à Décembre 1799, cette bête fit trois victimes, avant de disparaître à une vitesse prodigieuse. On crut à une seconde Bête du Gévaudan, car, comme l'autre, elle agressait les enfants pour les dévorer. Les notables du pays parlaient d'un gros loup, d'un loup-cervier ou d'une hyène, mais le petit peuple des campagnes, lui, traumatisé par tant d'horreurs, pensait au loup -garou.

De ces évènements dramatiques, la mémoire collective n'a retenu que les traits les plus fantastiques, les plus terrifiants. Pour elle cette Bête ne pouvait être que Jean Grin, l'homme sauvage, et sur lui pesaient tous les maux de la communauté. Créature ambiguë, intermédiaire entre l'animal et l'homme, le Jean Grin du Causse Noir prenait des allures d'homme sauvage, brutal, qu'aucune norme sociale ne pouvait réféner. La peau bestiale qui l'enveloppait faisait de lui une créature magique, démoniaque. Jean Grin aurait été, selon certains, la victime des rumeurs les plus folles, des bruits les moins fondés en ce temps de Révolution marqué par le renversement des valeurs traditionnelles et le bouleversement de l'ordre établi.

les gens du Causse auraient donc trouvé en l'homme sauvage, un exutoire à leurs souffrances de ces temps de misère et de famine, un coupable que personne ne pouvait protéger.

Qui était véritablement Jean Grin ? Nul ne le sait ! Toujours est-il que ce personnage mystérieux, homme ou bête fut un jour pris au piège et cerné dans son propre repaire par des femmes exaspérées qui, armées de fourches et de bâtons, le trainèrent jusqu'au hameau voisin où il fut brulé vivant dans un four chauffé à blanc. Et la mémoire populaire en a retenu que :

"Quand Jean Grin est mort , sa peau faisait des bonds ; et donc qu'il s'agissait du diable."

Avec la mort de Jean Grin, la population de Causse se sentit libérée, réconciliée enfin, avec l'ordre et la morale, vivifiée aussi par l'épreuve qu'elle venait de subir. Entré dans la légende, Jean Grin hante toujours le pays de ses méfaits. Et, dans la mythologie caussenarde, il représente le monstre dévorant, l'ogre capable de prendre et de manger les enfants.

André ARNAL

début

L'histoire - La bête de Veyreau : 1799

À une période et dans un lieu relativement proche du Gévaudan, a sévi la bête de Veyreau. Cette région du causse noir, au-dessus des gorges de la Jonte, se trouve au nord de l’actuel département de l’Aveyron, en limite de la Lozère. Le curé Casimir Fages, dans son livre paroissial de Veyreau rédigé vers 1870, nous rappelle les méfaits de la bête :

"Vers l’an 1799, apparut dans le pays, surtout aux environs du village des Paliès, une bête féroce qui remplit tous les habitants d’une grande frayeur ; sa taille était plus svelte que celle d’un loup ; elle était dans sa marche d’une telle agilité qu’on la voyait dans un lieu, et quatre ou cinq minutes après on la voyait à une lieu de distance dans un autre endroit. Elle avait la tête et le museau d’un gros lévrier ; elle entrait en plein jour dans les villages, et malheur aux enfants qu’elle pouvait rencontrer, elle les emportait et leur dévorait premièrement le foie et ensuite les membres.

Un jour d’été, la veille de Saint-Jean, elle parut aux Paliès, et des enfants qui l’aperçurent de loin, coururent se réfugier sur un arbre qui est près de la maison du nord du village ; plus prompte que l’éclair, elle en saisit un, qui était déjà à la hauteur de deux mètres, et l’emporta dans le bois de Madasse ; les tondeurs du troupeau du fermier du domaine de Ladet, au nombre desquels était le père du malheureux enfant, courent en toute hâte vers l’endroit où elle s’était dirigée, et par le bruit qu’ils firent, obligèrent la bête à abandonner l’enfant que l’on trouva palpitant sans boyaux ! Qui eut cependant la force en voyant son père qui le cherchait de crier "je suis ici" ; et il expira quelques moments après. Cet enfant âgé de six ans, s’appelait Pierre-Jean Mauri ; dans le registre Mr Arnal qui lui avait supplée les cérémonies du baptême en 1794 à l’âge de quinze mois, ajoute à la marge dudit registre, dévoré par la bête féroce.

Quinze jours plus tard, elle emporta un enfant de Graille, fermier à la Rougerie, qui, en compagnie de son frère aîné, gardait les bœufs près de la fontaine de Saint-Martin ; l’aîné voulut bien secourir son frère, mais la bête se redressant l’effraya tellement qu’il prit la fuite et vint chercher du secours à Veyreau ; c’était un jour de dimanche, une grande foule se transporta sur le lieu, et en cherchant dans la pièce de Malbouche on trouva quelques restes de membres qu’elle avait cachés dans la terre. Cette même bête emporta encore une petite fille de Julien, habitant de la Bourjoie ; son père était occupé à abattre des noix ; les petits étaient près de l’arbre, et la bête au vu de son père l’emporta ; il se mit après mais sans pouvoir la joindre et quelques jours après on la trouva enterrée dans les mousses ; le foie avait été dévoré. Ces différents traits emplirent d’une juste frayeur les habitants de Veyreau et de St André ; plusieurs personnes la virent, en furent accompagnés faisant des gambades, des sauts, sans cependant oser s’attaquer à des adultes ; un jour, en plein midi, elle traversa le village de St André, et s’arrêta devant la porte de la maison d’un tisserand ; on la prit pour un chien, et du moment qu’on voulait la caresser, elle disparut comme un éclair. Mr Gaillard, curé de St André, avec lequel j’ai causé de cet animal extraordinaire, m’assure l’avoir entendue un soir dans un petit champ au-dessous de la mare, poussant des hurlements semblables au braiement de l’âne, et plusieurs autres personnes s’accordent à affirmer la même chose.

Tous les braconniers du pays se réunissaient pour lui donner la chasse, on la rencontra, dit-on, quelquefois, et quand on lui tirait dessus, elle se roulait à terre et disparaissait avec une vitesse prodigieuse. Les personnes qui dans ces temps étaient enfants, s’accordent à dire combien grande était l’impression d’effroi qu’elle avait produit dans toute la contrée du causse noir. Sans s’attaquer aux hommes ou aux animaux, car on l’avait vue traverser des troupeaux sans y faire aucun mal, elle n’en voulait qu’aux enfants et dans le courant de cette année, depuis le mois de juin jusqu’au mois de décembre, deux garçons et une fille furent les tristes victimes de sa férocité ; personne ne marchait seul pendant la nuit, le jour tout le monde sortait une hallebarde au bout d’un bâton pour se défendre, en cas de rencontre. Qu’était cette bête ? L’on ne saurait la classer dans le genre des animaux connus dans le pays ; Mr Caussignac prétendait que c’était une hyène ; Mr gaillard, curé de St André, la croyait un loup-cervier, et le vulgaire lui donnait le nom de loup-garou.

Après quelques six mois ou un an, elle disparut sans qu’on ait su quelle fut sa fin. Vers le même temps, une pareille bête fut vue au bois de Sanvero près Cornus ; elle faillit dévorer une petite fille que j’ai connue vingt-cinq ans après ; elle était près de sa maison au village de Labadie, paroisse de St Rome de Berlières ; son frère ; plus âgé qu’elle, la défendit et même la lui enleva, et la fit entrer dans la maison ; la porte fermée on la vit par les fentes de la porte guetter pendant quelque temps la proie qu’elle avait manquée, et manquée de bien peu, puisque d’un coup de dent, elle lui avait emporté un morceau considérable de peau de ses côtés ; la marque lui en resta pendant toute sa vie.

Quoi qu’il en soit de cet animal, son apparition eut un retentissement très alarmant dans tout le causse noir, et les gens peu instruits y voyaient du merveilleux, surtout après les épreuves de la tourmente révolutionnaire.»

Une histoire rapportée par Bernard Soulier, Président de l'association "Au pays de la Bête du Gévaudan" à Auvers.

début


début home livre d'or e-mail Les amis de la Lozère
haut de page accueil livre d'or e-mail Association des amis de la Lozère

Votez pour ce site au Weborama