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La bête du Gévaudan Un peu d'histoire

Les grands moments de l'histoire de la Lozère au travers de l'Histoire ou des histoires, des contes et des légendes, ou des chroniques locales.

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L'homme qui parlait à l'oreille des brebis

L'homme qui parlait à l'oreille des brebis.

On l'appelait "le berger". Il était l'un des derniers pâtres de village de la Lozère où, au fil des années, les clôtures ont remplacé les hommes. Celui-là officiait à La Garde-Guérin, une petite commune fortifiée du XIIème siècle, située entre Villefort et Langogne.

Gustave T. 82 ans, est mort la semaine dernière dans un de ces prés où il avait toujours vécu. Son corps a été découvert jeudi matin par les gendarmes, à 4 km de La Garde Guérin, à trente mètres de ses chaussures ôtées au bord d'un ruisseau. "Le berger" était étendu sur le ventre, le visage enfoncé dans l'herbe, une main posée devant la tête. Une position identique à celle qu'il prenait pour la sieste quand, sur les coups de 15 heures, on le voyait tomber comme une masse sur ses deux genoux, puis plonger de tout son long dans l'herbe.

"Parfois, des touristes le croyaient victime d'un malaise et lui portaient secours. Je peux vous dire qu'ils se faisaient recevoir ! C'était sa façon de s'allonger. Cà a été sa façon de mourir" constate, très ému, Gilles P., son dernier employeur.

"Le berger" est mort d'épuisement. Parti mardi en fin d'après-midi vérifier si les brebis ne mangeaient pas trop de châtaignes, il s'est perdu, surpris par la nuit et le brouillard. Ces dernières années, les jambes se faisaient vieilles, la vue moins bonne. Mais Gustave ne voulait pas renoncer.

Certes, les clôtures gardaient les brebis à sa place. Mais de vulgaires fils de fer ne pouvaient avoir le "souci des bêtes". Lui seul savait ce qui était bon ou mauvais pour elles. Combien de fois avait-il répété à son employeur :"Attention, il ne faut pas qu'elles mangent trop de châtaignes, autrement elles vont bomber (grossir) ?"

Le son des cloches

Les brebis du "Gilles", c'était un peu les siennes. Il connaissait leurs noms, leurs histoires. Il prêtait à chacune des qualités et des défauts. Celle-ci était capricieuse, celle-là coquette. Il leur parlait en patois parce que, disait-il, "elles ne comprennent pas le français". "Dès qu'il levait la voix, vous voyiez leurs oreilles se dresser. Et selon sa manière de parler, les mots qu'il employait, elles se comportaient d'une façon ou d'une autre" raconte Gilles P.

Le soir, il n'avait pas besoin de les compter pour savoir qu'il en manquait une, deux, voire trois. Il lui suffisait de dénombrer les noires (10 % du troupeau), les bouchardes (têtes noires). Et de se fier au son des cloches la "clapita", "la clape", "l'esquille".

Gustave T. connaissait ainsi un tas de "trucs". Des trucs appris de bouche à oreille, au fil des villages, des foires, des "patches" (tape dans la main lors des ventes de bêtes), au bout de plus de 70 ans de vie. pastorale. "C'est tout juste s'ils savait se signer mais il avait une connaissance des bestioles hors norme. Je n'en serais pas là où j'en suis sans lui", reconnaît Gilles P.

L'exploitant agricole n'était pas né que son employé était déjà berger à La Garde-Guérin. L'homme est arrivé sur les lieux en 1966, il avait alors 49 ans dont 32 de métier derrière lui. A l'époque, les pâtres "se louaient" à un village. Et étaient payés, nourris et blanchis au prorata des bêtes de chaque exploitation. Vingt brebis valaient un repas, cent brebis, cinq repas.

La Garde-Guérin a été le onzième et dernier village de Gustave T. Là, "le berger" a assisté à la modernisation agricole, à l'augmentation effrénée des charges sociales pour ses employeurs. Il a d'abord travaillé pour huit éleveurs, puis quatre et enfin un seul qui, la retraite venue, a loué ses terres à un jeune agriculteur formé "à l'école". Sacrilège. Lui, ne savait ni lire, ni écrire et ne pouvait compter que par unités. "Il me disait toujours que pour être pastre, y'a pas besoin d'école, c'est donné ou pas", se souvient Gilles P.

Droiture

Orphelin - sa mère est morte quand il était très jeune - puis célibataire endurci le berger avait en quelque sorte été adopté par le village. On aimait sa discrétion, sa droiture. "Il mangeait à la table des uns et des autres mais ne révélait jamais rien de ce qu'il savait sur vous", explique Léon F., son ancien employeur, aujourd'hui retraité. Et son fils Stéfan, 30 ans, officier dans la marine, de préciser : "Il faisait partie de la famille. J'ai passé mon adolescence à ses côtés. Il m'a fait rêver. Il m'a fasciné. Mon seul regret, c'est qu'il n'ait pas voulu apprendre à lire et à écrire' en même temps que nous à la maison."

Petit pactole

A la retraite depuis presque vingt ans et en possession d'un petit pactole économisé tout au long de sa vie de berger, Gustave T. vivait dans une chambre sommaire avec pour seul confort une paire de jumelles, un vieux transistor, un rasoir électrique et une télévision qu'il ne regardait jamais.

La maison de retraite, les voyages organisés pour les personnes âgées, il ne voulait pas en entendre parler. Quant à l'hôpital, il en avait une peur bleue. Il ne s'y était rendu qu'une seule fois. Pour une hernie. Deux heures après son opération, il avait arraché son drain, sa transfusion, et avait cherché à s'enfuir.

Il était sans doute l'un des derniers représentants d'un mode de vie disparu. Il était la mémoire collective de La Garde-Guérin mais également de toute une région. Pourtant, les seules photographies qui existent de lui ont été prises par des touristes. Elles étaient sa fierté. Il les rangeait précieusement dans une boîte à chaussures. La plupart étaient accompagnées de petits mots : "Nous avons rapidement sympathisé. Comment pouvait-il en être autrement avec un homme comme vous ? Votre souvenir reste très ancré et vivace en moi. Je remercie le Seigneur qu'il m'ait mis sur votre route", écrivait en juillet 1996, Arnaud, un vacancier lillois. Gustave et son chien

(d'après J.-M. Decugis Le Figaro - 25/10/1999)

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Tistou, le berger de la bastide

Une bande dessinée en quatre planches

Cliquez sur une planche pour l'agrandir

(d'après Roger Lagrave en partenariat avec les éditions Gévaudan Cévennes)

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On a volé la peyro plantado

Venant du Midi et allant en estive en Margeride, des bergers transhumans, poussant devant eux près de 2000 brebis ensonnaillées et enpomponnées , constatent que le menhir (la peyro plantado : la pierre plantée : le doigt de Dieu, colonne soutenant le ciel) qui s'élevait depuis toujours sur la draille a été volé. Il n'en reste que le trou où elle avait été fichée et où elle avait attendu des siècles pour montrer le chemin au paysan.

Justin, le petit berger de Maître Clément décide de mener une enquête pour découvrir le voleur. Il fréquente les baraques (auberges isolées où l'on boit la chopine avec une salade d'oignons et des tranches de jambon, où l'on dort dans les chambres d'hôtes ou dans la paille) de Margeride pour rassembler des informations. Il rencontre les tenanciers (les baraquio) des trois baraques principales qui lui racontent pour quelle raison leur vie est associée au menhir. Pour celui-là elle symbolise l'amour de sa Germaine, à celui-ci elle a sauvé la vie et à cette autre elle a donné la fertilité.

Se rencontrant durant la fête des Jonquilles, après la messe, le jeu de quille et la fougasse arrosée de vin blanc, en écoutant la cabrette du cabrétaïre musiquant gigues et bourrées, les trois aubergistes décident de se joindre à Justin dans son enquête. Avec la participation de la population locale, le pays est passé au peigne fin. Sans résultats; le menhir et son voleur restent introuvables.

Justin répand alors l'idée qu'il faut replanter un nouveau menhir et rétablir le patrimoine. Le tailleur de pierre du pays, celui qui débite les piquets dont on clôture les pâturages, est chargé de découper un nouveau menhir dans le granit d'un rocher.

Au cours d'une grande fête populaire rassemblant la population locale dans les grands espaces de la Margeride, la pierre est plantée par la foule sur l'emplacement de l'ancienne et dressée.

Enfin le patrimoine est sauvé.

(d'après Roger Lagrave en partenariat avec les éditions Gévaudan Cévennes)

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Autrefois... dans nos forêts...les loups

Autrefois dans nos vastes et sombres forêts, en meutes fraternelles, les loups vivaient libres et heureux. Puis les hommes en ont fait peu à peu un paria solitaire.

Va-t-il nous quitter à jamais ?

En complément à notre page thématique sur les loups, voici une histoire de loups née des rencontres de l'homme et de l'animal au temps où il n' était pas rare d'en renconter, légende ou mystère, racontée au coin du feu.

Maître Gonfaron : loup-garou

Gédéon et Noémie habitaient une petite maison au bord de la grande forêt. Une forêt où les loups étaient nombreux.

Chaque matin, la hache sur l'épaule, la grande scie sous le bras, le casse-croûte dans la musette, Gédéon allait dans la forêt car il gagnait sa vie en faisant des fagots pour les boulangers, des bûches pour les poêles des gens de la ville.

Ce matin-là, il y était encore. Et, tout en maniant la hache et la scie, il réfléchissait. Il pensait à sa vache qui était morte la semaine dernière. Car, pour le lait et le fromage, Gédéon et Noémie avaient une vache, une seule. Ce n'étaient pas de gros propriétaires comme il y en a quelques-uns dans le pays. Et voilà que la vache était morte, morte de vieillesse, la pauvre !

Il faudrait en acheter une autre, réfléchissait Gédéon, mais, pour une vache, il faut des sous. Et des sous, nous n'en avons guère. La semaine prochaine, c'est la grande foire d'Aumont ; les vaches à vendre y sont nombreuses. J'irai rendre visite à Maître Gonfaron, le notaire du pays. Je lui demanderai une avance sur le prix des bûches que je lui fournis. Il ne peut pas me refuser.

Comme midi était venu, Gédéon abandonna sa hache et sa scie ainsi que ses réflexions ; et, assis sur la souche d'un arbre, sortit de la musette, le saucisson et le fromage.

Entre le saucisson et le fromage, une idée lui vint dans la tête. Quelque chose, ou quelqu'un, était là, dans les environs ; quelqu'un qui le regardait. Il sentit une présence près de lui. Sans trop bouger, il regarda autour de lui. En effet, entre les rameaux d'un buisson proche, deux yeux jaunes le regardaient ; les yeux d'un loup.

Que faire ?

Prendre la hache et se défendre ? Elle était trop éloignée. Il n'aurait pas le temps d'y aller et de la saisir et le loup serait sur lui.

Se lever d'un bond et courir à toutes jambes vers la maison ? Le loup sera plus rapide que lui et aura tôt fait de le rejoindre.

Une autre idée lui sembla meilleure.

De son laguiole - un homme de la campagne a toujours un laguiole dans sa poche - il coupa une tranche dans la miche de pain qu'il tenait encore et la jeta vers le buisson.

Un claquement sec lui fit savoir que le loup avait saisi le pain et le mangeait. Il jeta un deuxième morceau ; puis un troisième ; et ainsi de suite jusqu'à l' achèvement de la miche.

Le loup disparut alors ; Gédéon était sauvé. Il regagna la petite maison où s'activait Noémie.

La semaine d'après, il fit ce qu'il avait décidé à propos de la vache. Il alla à la foire d'Aumont ; puis alla rendre visite à Maître Gonfaron le notaire.

Maître Gonfaron qui connaissait Gédéon et la qualité de ses bûches fut très aimable. Il l'invita chez lui, le fit asseoir dans un fauteuil du salon et lui proposa de boire un verre de vin de sa vigne. Comme midi sonnait au clocher, il l'invita même à partager son repas ; pendant qu'ils mangeaient, ils pourraient discuter des sous pour la vache à acheter.

Avant de commencer le repas, Gédéon sortit de sa poche le laguiole qui ne le quittait jamais.

C'est celui que vous aviez l'autre jour dans la forêt dit alors Maître Gonfaron.

Comment savez-vous cela ? Je n'ai raconté cette histoire à personne. Il n'y avait que moi dans la forêt, moi et le loup.

C'est que le loup, c'était moi ; dans le buisson, à vous regarder puis à manger votre pain.

Comment cela ? Etes-vous un loup-garou ?

J'en suis un. Il y a sept ans ; parce que je n'avais pas voulu lui prêter de l' argent, la Rosalie, celle que l'on dit la roumèque, m'a jeté un sortilège. Je devais être loup jusqu'à ce qu'un homme simple et honnête me jette une part de son pain. Cette homme, ce fut toi, qui m'a relevé de mon mauvais sort. Je te dois un grand merci ; alors, l'argent que tu me demandes pour ta vache, sois sans crainte, tu l'auras ; et plus trois fois qu'une.

C'était au temps où, dans nos campagnes, rodaient les loups et existaient encore quelques loups-garous. Quelquefois méchants ; souvent sans malice, comme le fut Maître Gonfaron, notaire de père en fils et loup-garou malgré lui.

Aujourd'hui, il n'y a plus de loups ; plus de sorcières et plus de loups-garous. Pour protéger tout ce petit monde en voie de disparition, il faudrait peut-être inventer un Parc Naturel National.

Noémie et les sept loups

Chaque jour, avant de conduire ses moutons au pré, Noémie, dans son chaudron de fonte, préparait la soupe pour la journée.

Ce matin là, une soupe toute fraîche remplissait le chaudron. Elle alla ouvrir la bergerie pour faire sortir les moutons, et, lorsqu'elle revint à la cuisine, le chaudron était vide.

Qui avait mangé la soupe de Noémie ?

Elle regarda autour d'elle; des yeux, fit le tour de la cuisine. Le bout d'une queue sortait de dessous le lit. Le loup, c'est le loup qui a mangé ma soupe ! Et il cherche à se cacher sous le lit, et il croit que je ne l'ai pas vu.

Noémie alla garder ses moutons.

Le lendemain, elle fit bouillir une chaudronnée d'eau. Quand l'eau se mit à bouillir, elle regarda sous le lit. Deux yeux jaunes brillaient; ceux du loup qui attendait sa soupe. Ce ne fut pas la soupe qu'il reçu mais l'eau bouillante. Un plein chaudron que Noémie jeta sous le lit. Le loup quitta la maison, la queue entre les jambes et criant de douleur. Il ne revint pas de sitôt.

Et chaque soir, Noémie et Gédéon mangeaient leur soupe sans souci.

Quelques jours après, Noémie était dans la forêt où elle ramassait du bois mort. Au début du sentier : le loup ! Celui qui avait reçu l'eau bouillante, elle le reconnaissait à sa peau dégarnie par endroits. Dans la gueule, le sourire de celui qui allait bientôt se venger. Il se mit à hurler pour appeler ses frères, et bientôt, six loups furent là entourant Noémie et la menaçant de leurs crocs.

Que peut faire Noémie ? Un arbre est là. Elle y grimpe, avec l'habileté que donne la peur.

Et voilà Noémie en haut, parmi les branches; les loups en bas, au pied de l'arbre.

Le loup échaudé eut une idée : l'un de nous va monter sur mon dos, un autre montera sur le sien. Et ainsi de suite, sur le dos des uns des autres, nous formerons comme une échelle qui arrivera aux branches. Le dernier de l'échelle pourra saisir la vieille et nous la croquerons.

Ils firent ce qu'ils avaient décidé : comme des acrobates dans le cirque, se faisant l'un l'autre la courte échelle, le sixième des loups fut bientôt à la hauteur de Noémie. La pauvre femme eut si peur quelle pissa toute droite du haut de l'arbre. Ce fut le loup du bas, celui qui avait été échaudé, qui reçu le liquide. Cela lui rappela l'eau bouillante qu'il avait reçu lorsqu'il attendait la soupe sous le lit dans la cuisine de Noémie. Et ce mauvais souvenir lui fit si peur qu'il s'ensauva dans la forêt. La pyramide des loups s'écroula sur le sol; l'un cassant sa jambe; et l'autre quelques dents.

Depuis ce jour, Noémie n'a plus rencontré de loups dans la forêt.

De l'eau bouillante, des pattes cassées, des dos tordus, cette vieille est trop dangereuse. Et il font un détour pour ne pas la rencontrer.

(d'après Roger Lagrave en partenariat avec les éditions Gévaudan Cévennes)

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